Missive d'un fils expatrié
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Missive d'un fils expatrié
À Chimera de Dénéré-Malines,
Duchesse de Cholet,
Baronne de Bubry,
Archidruide & Chambellan de Breizh ;
Salutations.Mère, si je vous écris ce jour, c'est dans le désir d'officialiser ce qui est pour moi un sentiment que vous n'avez jamais pris en compte : l'abandon. Depuis bien longtemps maintenant, me voilà éloigné de notre famille. Cela n'est pas de votre faute, puisqu'en grande partie de ma propre décision. Cependant, sachez que je ne me reconnais plus dans cette famille. Qui suis-je, à part le fils, ou le frère, presqu'oublié dont ni le père, ni la mère, ni la soeur ne daigne offrir un quelconque intérêt ne serait-ce que par des missives - même rares -? Ce sentiment n'en fut que plus grand lorsque vous avez nommé Maeve à l'Intendance de Bubry, et une inconnue de mon point de vue à celle de Cholet, alors que j'aurais été fier de porter cette obligation. Bien que vos mots à chaque fois, à tous, se veulent apaisant, je ne ressens à présent que ressentiments et abandons de votre part puisque tous vos actes me démontre la fausseté de vos mots, au point que des personnes avec qui j'ai lié amitié que depuis fort peu de temps en comparaison s'intéressent plus de mon sort, de mon avenir, me font davantage confiance, que vous.
Les mots que j'écris me laissent le coeur serré, la gorge nouée, et les larmes aux yeux, mais je ne peux indéfiniment m'acharner dans cette position qui me fait souffrir sans vous en faire connaissance. Prenez acte, ou ne prenez pas, de ces quelques mots maladroits. Pour ma part, vous n'aurez plus de mes visites ni nouvelles de ma part que lorsque l'on me redonnera la place qui est censée être la mienne dans cette famille.
Mais peut-être suis-je à la poursuite d'une chimère ?
Votre fils qui vous aime,
Eoghan.
Dernière édition par Eoghan le Sam 20 Aoû - 12:58, édité 1 fois
Re: Missive d'un fils expatrié
A Eoghan de Dénéré-Malines,
Seigneur de Herrin,
E Roazhon, d'ar Gwener 7 a viz Genver 1459,Mon chéri,
Diantre comme tu ressembles à ton oncle quand tu vois la fausseté derrière chaque mot pourtant sincèrement prononcé.
Ta place au sein de notre famille est unique. Elle n’appartient qu’à toi et nul, moi moins que quiconque, n’a jamais remis cette évidence en question. Si tu ne t’y reconnais pas, alors façonne-la à ton image, mon fils. Il est trop facile d’attendre que les choses s’adaptent à nous sans qu’on ne fasse rien pour influer sur leur cours. Ne comprends pas là que j’estime que tu ne fais rien pour notre famille, loin de là. Tes visites, ton investissement dans tant de domaines et ta simple existence en sont autant de preuves.
Je te trouve dur avec ta sœur, qui t’aime et t’admire, qui se réjouit de chacune de tes visites et serait enchantée de pouvoir te rendre la pareille si son jeune âge en rendait pas les voyages si délicats. Sois-le envers moi, cela n’est pas si injustifié, et j’y suis tristement accoutumée. Il semble que je donne plus à la Bretagne qu’à ma propre famille. Je ne peux que tenter d’équilibrer davantage cette balance qui te semble injuste, et te prier de bien vouloir comprendre que cette cause est aussi la mienne. Je ne te force pas à l’endosser, mais tu dois accepter qu’elle soit celle que j’ai choisie.
Si tu avais souhaité administré Cholet, que ne m’en as-tu pas avertie ?
Pardonne les égards maladroits d’une mère qui n’osa pas même te le proposer de peur de te rattacher de force à une Bretagne loin de laquelle tu sembles mieux te plaire.
Tu as aujourd’hui tes propres terres à gérer, ce qui n’est pas le cas de ta sœur, et je n’ai voulu faire peser le poids d’un duché sur tes épaules, tout homme vaillant que tu sois. Mais soit, si c’est cette position que tu souhaitais occuper, je suis toute disposée à en discuter avec toi.
Quelle mère serais-je si je ne prenais pas acte des mots que tu m’adresses, fils ? Mésestimes-tu à ce point l’importance qu’ont mes enfants à mes yeux ? Plus encore aujourd’hui, peut-être.
Je ne peux que t’exprimer ma gratitude d’avoir fait part de ton sentiment. D’autres plus âgés n’en ont pas fait autant…
Je regrette que le vélin reçu de toi ne comporte pas quelques nouvelles de toi, de la manière dont tu t’es installé à Herrin, si tes terres te plaisent et vers où te conduisent tes pas.
Je le redis, je n’ai rien à te donner, ou redonner, au sein de cette famille qui ne soit déjà tien. Tu as toute liberté de parole, et une voix qui mérite d’être entendue, comme elle l’est aujourd’hui.
Nous avions évoqué ensemble le fait que notre famille manquait d’un héraut, rôle qui semblait, autrefois du moins, t’attirer grandement. Est-ce toujours le cas ? Inutile de te dire que te voir œuvrer en ce domaine pour la gloire et la survie de notre famille me comblerait, si cela te permettait en sus de t’épanouir.
Autre chose, et cela, crois-le ou non, t’aurais été adressé avec ou sans ta missive. Le Grand Duc de Bretagne sera couronné le 21 janvier à Nantes. Rien ne me ferais plus plaisir si tu acceptais d’être mon cavalier lors de cet événement, et de porter les couleurs de Cholet et de notre famille aux joutes qui auront lieu à cette occasion. Puisses-tu le souhaiter, et Deedlitt donner son accord. Ne crois pas, enfin, que je compte encore te faire te déplacer sans envisager de venir, enfin, partager en ta compagnie des moments de vie dans le cadre que tu t’es choisi.
Une chose, encore, Aedhan,
Ne remets jamais, jamais en cause la confiance que je te porte.
A galon,
Ta mère,
Chimera de Dénéré-Malines
Duchesse de Cholet et Baronne de Bubry
Chambellan de Bretagne
Re: Missive d'un fils expatrié
À Chimera de Dénéré-Malines,
Duchesse de Cholet,
Baronne de Bubry,
Archidruide & Chambellan de Bretagne ;
Salutations.Il semble que je sois peut-être dur avec ma soeur, mais ne suis-je pas en droit de réclamer de ses nouvelles maintenant qu'elle est en âge d'y pourvoir de manière régulière ? Cependant, cela ne vous concerne pas davantage, ce sera à Medb de prendre l'initiative de ceci si elle en juge la nécessité. En espérant qu'elle ne suive pas vos pas à vous et père.
Ma place dans cette famille, c'est certes à moi de la faire, mais à vous de m'en laisser également. L'administration de Cholet n'était qu'un exemple parmi tant d'autres. Vous me connaissez si mal, aujourd'hui, que vous croyez que j'essaie de me détacher d'une Bretagne que je n'ai jamais, ô grand jamais, cessée d'aimer. L'éloignement n'est pas signe de désamour me semble-t-il. Je reviendrais en Bretagne un jour, même si pour l'instant, je veux d'abord grandir en dehors de celle-ci, pour ne pas finir comme tous ces bretons acerbes et orgueilleux de leur patrie. Et si je ne vous ai jamais parlé de Cholet, c'est parce que je pensais que cela viendrait naturellement de vous que de me proposer cela.
Du reste, j'ai décidé que nous en parlerons dans les jours qui arrivent, je suis déjà en route pour Cholet et finalement répondre à cette réunion de famille.
Sur les routes de France, le 7 Janvier 1459 ;
Eoghan de Dénéré-Malines,
Académicien Royal de France,
Seigneur d'Herrin.
Re: Missive d'un fils expatrié
A Eoghan de Dénéré-Malines,
Seigneur de Herrin,
E Roazhon, d'ar Gwener 7 a viz Genver 1459,Aedhan,
Ta précédente missive me comble, malgré les bribes d'amertume qui s'en dégagent encore. Nous mettrons tout cela à plat à ton arrivée, c'est assurément la meilleure manière de sortir de ce pas délicat. Je me réjouis de te savoir en route, et ai déjà prévenu Isolde et Beilhal qui préparent en ce moment ta venue.
Ne te méprends pas, je ne mets pas en doute ton amour de la Bretagne. Je constate simplement, avec peine parfois mais non sans le comprendre et l'accepter, que tu t'investis pour le moment loin d'elle. Chanceuse elle sera si un jour tu décides de mettre toute cette expérience à son profit.
En ce qui concerne ta soeur, je gage qu'une missive de ta part déclencherait de la sienne une avalanche de lettres enthousiastes. Vas à elle, et je suis convaincue qu'elle courra à toi.
Mes pensées t'accompagnent pour ta route,
A très bientôt,
Ta mère,
Chimera de Dénéré-Malines
Duchesse de Cholet et Baronne de Bubry
Chambellan de Bretagne
PS: Et prépare toi à rencontrer Pelotine et à lui présenter des excuses pour les mots que tu lui as adressés. Elle n'est en rien coupable, et ne doit en aucun cas être blâmée. C'était là une attitude bien indigne de toi et de ton rang que de lui envoyer ces mots. J'ose espérer que tu en es conscient.
Re: Missive d'un fils expatrié
À Chimera de Dénéré-Malines,
Duchesse de Cholet,
Baronne de Bubry ;
À l'Alabrena, Montauban, Duché de Guyenne,
Le 20 Août de l'An de Grasce 1459,Mère,
C'est non sans hâte que je vous écris cette missive. La hâte, car voilà trop longtemps que je ne vous ai point donné de nouvelles et que je n'en ai pas de reçu des vôtres. Ne m'en voulez pas, cela n'était pas de mon fait. Pour ainsi, durant plusieurs mois, j'ai disparu. Je n'en évoquerais pas les raisons, car cela est bien trop récent et bien trop personnel pour que je puisse en parler. Peut-être un jour... Mais pas pour le moment. Sachez seulement que je suis de retour à la vie du monde depuis quelques jours. Ces jours-là, le repos dont j'ai pu bénéficié m'a fait le plus grand bien, et me permet à nouveau d'agir et de correspondre à ma guise.
Cette absence m'a fait beaucoup perdre. Seule ma place d'Immortel à l'Académie royale m'est restée. Le prestige que j'espérais construire par le travail pour notre famille, notre nom et pour vous, est donc presque entièrement perdu. Ne trouvez pas cela futile, car cela ne l'est pas pour moi.
De cela, je n'ai rien d'autre à dire. Ma quinzième année approche à grand pas, et pourtant rien ne se passe. Le monde change, les gens aussi, ou peut-être l'étaient-ils déjà avant ? Je ne sais pas. En tout cas, pour être totalement honnête avec vous, aucune femme ne me courtise et je n'en courtise aucune. Je le sais, je suis encore bien jeune pour penser à cela. Mais le temps, malgré tout, passe, et fort de constater qu'au jour d'hui, la gente féminine ne cherche souvent plus que les honneurs et les titres pour un mariage. Et de cela, je n'ai rien, ou que trop peu à leurs yeux. Ne soyez donc pas étonnée si ce statut quo persiste encore quelques temps.
Enfin, j'ai une requête à vous faire. Même trois. La première et la deuxième sont étroitement liées. Les évènements récents ont changé ma vision, ou du moins, une partie de la vision que j'avais du monde. C'est pour cela que je souhaite me faire baptiser sous l'égide d'Aristote, mais également être initié aux rites druidiques. Je crois... Non, je suis certain, désormais, que ces deux entités, Nature et Tout-Puissant, ne sont pas des rivales belliqueuses, mais plutôt soeurs, ou complémentaires du moins. Et de ces deux choix qui n'en sont qu'un, j'aimerais avoir votre soutien, et votre conseil.
La troisième requête est d'un ordre différent. Je suis expatrié breton. Cela n'a rien de nouveau. Seulement... Je ne veux pas me défaire de mes racines ni de mon pays, malgré mon allégeance au Royaume de France. C'est pourquoi, en toute modestie, j'aimerais avoir une obligation envers la Bretagne. Un serment, ou quoi que ce soit d'autre, qui m'y lierait. Quelque chose qui me permettrait d'avoir des devoirs envers elle et elle des devoirs envers moi, afin que jamais ne s'efface ce lien que je tiens à préserver. Et à cela, je crois que seule vous, mère, pouvez m'y aider.
Je vous embrasse affectueusement,
Et dans l'attente d'une réponse prochaine,
Votre fils,
Eoghan de Dénéré-Malines,
Seigneur d'Herrin,
Académicien Royal de France.
PS : Saluez toute la mesnie de ma part, et embrassez Medb pour moi.
Re: Missive d'un fils expatrié
A Eoghan de Dénéré-Malines,
Seigneur d'Herrin,
Academicien Royal de France
E Cholet, d'al Lun 22 a viz Eost 1459Mon très cher fils,
Imagines-tu la joie que m'a fait ta missive? J'en suis à regretter plus encore le temps où nos échanges étaient si rares. Ne vivons pas dans le passer, il ne tient qu'à nous de réduire à force et longueur de mots la distance qui nous sépare! Je m'y attèle, dès réception de ton courrier, et avec le plus grand plaisir.
J’espère que ce qui a causé ton départ, et une grande inquiétude dans le coeur de ta mère, a cessé de te tourmenter. Si ce n'est pas le cas, tu sais que tu peux compter sur mon aide.
Je ne trouve pas futile le moins du monde ce regret qui t'accable d'avoir vu le prestige de notre nom s'estomper lors de ton absence. Réjouis-toi, ton retour aura tôt fait de le rappeler au monde, et il semble que par ailleurs d'autres souhaitent le voir rayonner également. Arielle de Siorac, notre cousine, a souhaité organiser un rassemblement familial pour nommer un nouveau chef de famille. Je lui ai propose d’héberger ce rassemblement à Cholet, qui est après tout le berceau de la famille. Je me réjouis à l'idée que cette réunion sera peut-être une occasion de nous retrouver prochainement.
Le monde change, mon fils, bien sur qu'il change et nous sommes, chacun a notre niveau, les instruments et instigateurs de ce changement. Tu déplores qu'aucune femme ne t'ai jusqu'à présent remarqué? Vêtis toi de ton plus bel habit et vis, elles ne manqueront pas de t'admirer. C'est probablement le discours biaisé d'une mère trop subjective, mais ne garde que le sentiment qui motive cette déclaration: je souhaite ton bonheur et espère que tu le trouveras. Ne cours pas après lui, il se présente bien souvent au moment le plus imprévu. Tu es un seigneur et le fils d'une duchesse bretonne, tu peux tout aussi bien te faire connaître auprès des jeunes filles qui attirent ton attention, tu sais. Mais prends ton temps, jeune impatient, le jour viendra ou tu pourras trouver ta compagne et transmettre notre nom.
A ce propos, un jeune homme vient de me demander la main de ta soeur. Il est fils de duc et tout à fait charmant, mais j'entends bien ne pas la lui laisser si facilement, et mettre son attachement vis à vis d'elle à l'épreuve. Si en tant que frère ainé tu souhaites proposer quelque chose, alors fais, et fais vite, car je crois le prétendant fort impatient de s'unir à Medb.
En ce qui concerne tes requêtes, et bien je ne puis que les saluer. Si tu le souhaites, Monseigneur Arzhel pourrait te baptiser dans la chapelle Saint-Jean du domaine familial, où tu pourrais convier qui bon te semble, à moins que tu n'aies d'autres envies en Guyenne, auquel cas il te faudra l'avertir afin qu'il puisse tenir les registres de la famille à jour. En ce qui concerne le druidisme, je ne puis également qu'être heureuse de ton souhait, et te présenter à la communauté druidique afin que tu y suives un enseignement et trouver réponse à tes questions, jusqu'au point où tu souhaiteras. Tu as parfaitement raison, les deux croyances sont parfaitement compatibles, malgré ce qu'en pensent les prêtres réfractaires et la réticence que nous nous imposons afin de ne pas nous laisser happer par ce clergé gourmand qui cherche à tout amalgamer.
Quant au sujet de tes racines bretonnes, et bien, je dirais que plusieurs choses sont possibles, mais que tout dépend de la nature de l'engagement que tu souhaites prendre. Il est malaisé de trouver quelque chose qui te lie à Breizh tout en en demeurant éloigné, mais ce souhait est touchant et il nous faut faire au mieux pour pouvoir l'exaucer.
Le seul serment que tu pourrais prononcer est celui que prononcent les bretons lorsque la citoyenneté leur est accordée. Seulement, si il arrive souvent qu'un étranger installé en Bretagne la demande, il est rare qu'un natif breton exilé en fasse de même. Cela dit, je pense qu'à ma demande et avec l'appui d'Anastriana qui ta mis au monde, il doit être possible de t'accorder cette distinction à titre symbolique. Es-tu prêt, seulement, à répondre à l'appel breton si jamais le Grand Duc devait lever le ban? Cela aussi, tu dois l'envisager, et ton allégeance à Sa Grandeur la Comtesse Deedlitt, que j'honore et respecte presque autant que toi, vient changer la donne. Là sont les engagement que prend un citoyen lorsqu'il prête serment à la Bretagne. Réfléchis bien donc, à la manière dont tu souhaites être lié à ta terre natale, car tout lien une fois crée se doit d'être honoré et entretenu, faute de quoi il se rompt.
Je pense également qu'il doit être possible, à distance, de participer à la vie bretonne, mais tu es seul à savoir ce qui t'intéresse, et dans quelle mesure tu souhaites te lier à la Bretagne. Exprimes toi donc sur ce point avant que nous puissions y réfléchir davantage.
J'espère que j'aurai pu lever le doute sur certaines de tes interrogations, et que tu m'en soumettras bientôt de nouvelles, agrémentées de quelques détails sur ton quotidien,
Avec toute mon affection, et dans l'espoir de te lire très vite,
Ta mère,
Chimera de Dénéré-Malines
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