Beaucoup de bruit pour rien

Que les bretons, honnêtes et magouilleurs et tous les brigands que je connais et que la duchesse de Cholet tient en piètre estime entendent ma voix.

Parce que la liberté de circuler est un droit inaliénable pour les hommes et femmes libres que nous sommes
Parce qu’il est de ces personnes qui pètent plus haut que leur cul dès qu’elles sont coiffées d’une couronne
Parce qu’il est de jolis tableaux qui ne doivent pas oublier quelle est leur place, à savoir dans les chiottes dans le cas présent
Parce que les gerbilles doivent se prosterner devant l’ours et non l’inverse car telle est faite la dure loi de la nature

Nous Lemerco, roi de Dol par l’ultime volonté de son épouse feue la duchesse de Dol Azilliz de Montfort-Toxandrie et par la volonté du peuple Fougerais, sujets de Dol, ayant reconnu ma légitimité à ce titre.
Déclarons prendre bonne note de ce papier odieux signé de la main inconsciente de la duchesse de Cholet, Chimera de machin truc.
Témoignons de notre indignation quant à cette décision d’altérer la liberté de circuler d’un homme libre comme l’air tel que mon auguste personne.
Sommons l’inconsciente duchesse dont la prétention a de loin dépassé son maigre mérite à revenir sur sa déclaration.
Posons un ultimatum d’un délai non reconductible de deux journées à dater d’aujourd’hui, le cinquième jour de Février de l’an de Grasce 1460, pour revenir publiquement sur sa décision qui ressemble plus à un caprice d’enfant, une hérésie pour une personne de son rang, et formuler des excuses quant à l’outrage qu’elle vient de commettre à mon égard.

Si la duchesse de Cholet ne nous donne pas satisfaction dans le délai imparti, qu’elle sache alors que les foudres s’abattront sur elle, ses sujets, et ses terres.

Faict et scellé en notre château de Dol,
d'ar Sul 5 a viz C'hwevrer 1460

Lemerco
Roi usurpateur de Dol

Aux mêmes, ainsi qu’aux amateurs de farces, puisque par la volonté suprême du trouble-paix public cet écrit doit être,

Nous, Chimera de Dénéré-Malines, Duchesse de Cholet et Baronne de Bubry par la volonté non pas d’un mais de deux souverains, déclarons avoir pris connaissance du non-édit de l’homme qui voilà peu réclamait notre main, qui semble depuis avoir oublié le nom y étant attaché, et y répondre comme suit :

L’ours tient plus du vautour, en ce jour, incapable qu’il est de limiter son territoire en contournant l’humble et distant terroir où nous résidons. Le volatile est rapace, et pensant voler plus haut que le reste de la création, souhaite pouvoir s’autoriser l’exhaustivité.
Quelle est cette folie de vouloir à tout prix excuse et attention de ce qu’on déprécie sans se soucier du droit que l’on a y prétendre ?
Aveuglé par la frustration que notre refus public de nous trouver en son envahissante compagnie semble avoir provoquée, le vautour extrapole, se fermant lui-même les frontières d’un duché qui lui demeure ouvert. L’oiseau -qui plus est lorsqu’il est d’envergure- ne va pas de lui-même se perdre dans les couloirs et chambres des nids humains. Quel besoin le vautour gourmand a-t-il donc de convoiter la cage ?

Qui veut réparation ne se confond pas dans les torts qu'il réprouve,
Frappée par l'évidence que le sieur Lemerco exige des égards qu'il n'est point prêt à exercer, nous refusons d’accéder à sa demande et maintenons closes les portes de notre prison, lui rappelant que l’édit qu’il dénonce avec tant de bruit n’a d’autre causes que son mépris de notre volonté oralement exprimée .

Ainsi, parce que femme est libre de se prémunir de l’agressivité d’un homme, qui par nulle frontière courtoise ne saurait être éconduit,
Parce liberté des uns s’arrête où commence celle d’autrui,
Parce que priorité est donnée et non prise,
Parce qu’usurpateur exponentiel amère de l’absence de titre est tout sauf en position d’émettre le moindre jugement sur la légitimité d’un autre couronnement,
Parce qu’incapable de souffrir le moindre petit interdit, ego souhaite faire affaire d’état,
Parce que certains se pensent au dessus des lois des hommes et s’accordent l’usufruit d’un bien mal acquis, jetant sur ledit bien un regrettable discrédit,

Nous, Chimera de Dénéré-Malines, prions le sieur Lemerco de nous laisser profiter sereinement de la paix de nos cabinets, lui renouvelant l’assurance qu’il a bien le droit de survoler nos terres, dans son planer altier.
Il est simplement prié de ne pas daigner poser ses non-nobles ergots dans la fange de notre résidence. Au vu du dégout que notre personne semble lui inspirer, nous aurions cru la chose facilement acceptable. A croire que l’acharnement a ses raisons que la raison et les destinataires ignorent.

Nous terminerons comme suit, en exprimant notre désarroi devant les menaces en ces temps de trêve proférées. Le sieur Lemerco semble en effet ne pas hésiter une seconde à jeter ses hommes ainsi que les miens dans un conflit qui leur est étranger, pour le confort de sa seule satiété. La Bretagne trouve toujours une raison pour se montrer offensive et aller passer son ennui sur les terres d’à côté, même après que le sang de mille hommes soit venu les souiller. Qui voudra brandir l’épée pour le ridicule et les égos exacerbés, pour soutenir un homme dans sa quête effrénée de l’attention d’une femme qui, sans plus le juger, ne souhaite plus que l’ignorer ? Qui, en ces temps de conflit, sera prêt à pareille folie ?
Si nous en arrivons à ces extrémités, alors les contradictions de Breizh seront illustrées, et ce simple fait nous aura contentée. L’issue du différend n’aura alors qu’une importance toute relative.
Qu’il soit su cependant, que nous nous dresserons de toute notre force contre quiconque portera atteinte à nos sujets, qui plus est pour une si futile raison. Ce serment nous avons fait, et si peu digne de notre titre qu’apparemment nous soyons, nous nous y tiendrons.

Faict en le chateau de Cholet,
d'ar Sul 5 a viz C'hwevrer 1460,

Chimera de Dénéré-Malines
Dukez Cholet, Baronnez Bubri