A la recherche d'un Maréchal des écuries

A Elim de Walsh Montfort,

E Gwened, d'ar Gwener 3 a viz Kerzu 1458

Demat jeune homme,
J'ignore si vous mettez encore un visage sur le nom signant ce courrier. Le rappel d'une équestre livraison en la Baronnie de Bubry devrait suffire à raviver votre souvenir, si jamais besoin est.
Vous vous interrogez probablement sur la raison d'un tel courrier, je vais de ce pas dissiper ces questions.
Je vous sait versé dans la pratique de l'art équestre et parfaitement formé à la gestion d'écuries importantes.
Il se trouve que l'on ma très récemment confié la gestion d'un duché, et que je ne saurais confier, à ce niveau, la gestion des écuries à mon intendant. Je suis donc en quête d'un Maréchal des écuries. Estimant le talent de vôtre mère et ses compétences dans ce domaine, je suis allée lui demander conseil. Si j'avais à vrai dire pensé à vous avant même d'aller la voir, elle vous a recommandé à moi, ce qui me conforte dans mon souhait de vous avoir à mes côtés dans cette entreprise.
La mission n'est pas aisée, sachez-le. Je compte recevoir abondamment, envoyer nombre de coursiers, et envisage également d'héberger très bientôt des joutes en mes terres. Je ne conçois pas l'organisation d'un tel événement sans être sûre que les destriers et autres montures que mes écuries abriteront seront dignement reçues et entretenues.

Vous voilà en pleine connaissance des modalités de la fonction que je vous propose. Si néanmoins quelque chose vous troublait, n'hésitez pas à me le faire savoir.

Dans l'attente de votre réponse, je vous salue,

A galon,

Chimera de Dénéré-Malines
Duchesse de Cholet et Baronne de Bubry
Chambellan de Bretagne

A Chimera De Dénéré-Malines, Grâcieuse Duchesse rousse de Cholet,

Votre grâce,

Voici une missive, qui m'interpelle, me déstabilise, m'émeut tour à tour. Finalement, je m'interroge. Si Mère m'a recommandé à vous, je suis pour le moins étonné que vous ayez pensé à moi. C'est un honneur, je ne pensais pas que ma passion transmise par Maman était si connue.

Cette demande requiert de toute évidence un sens des responsabilités élevé. Sur ce point je ne puis être mon propre juge, mais mon jeune âge ne joue sans doute pas en ma faveur.
Elle demande également une connaisance fine des choses équestres, pour cela, vous pouvez faire confiance à l'éducation maternelle pointue sur ce domaine.
Une parfaite maitrise de la courtoisie et de la politesse mondaine me parait utile pour bien maitriser la salutation de vos visiteurs, cela, mon éducation également me permet un maintien en société pour le moins adapté.

Enfin, votre demande, je ne le cacherai pas, me plait. Et je dirais qu'elle vient à point nommé. J'ai des envies d'indépendance qui me taraudent l'esprit, un besoin de changer d'air, de trouver quelques réponses à certaines questions par moi-même, et de toute évidence, il me faut quitter une fois encore le château familial, qui me fait suffoquer.

Je serais votre obligé, votre officier, votre conseillé. Comptez sur ma loyauté sans ambage, mon bras en soutien. Je travaillerai avec joie pour Cholet, et ferai en sorte de faire briller vos écuries, au moins aussi bien que celles de Coëtlogon.
Pour vos joutes comme pour de simples promenades, vous saurez trouver chez vous, une monture de prestige adaptée à vos diverses utilisations.

Fidèlement,

Elim de Walsh-Montfort.

Au jeune Elim de Walsh-Montfort,

E Roazhon, d'ar Yaou 6 a viz Genver 1459,

Vous ne devez ma précédente missive qu’aux recommandations de votre mère et à l’impression que vous m’avez fait lors de votre visite à Bubry. Il m’a semblé alors que vous aviez hérité du familial talent, ainsi que d’un maintien digne des nobles cours qui, il va de soi, est de la première importance en la demeure du Chambellan breton. Il ne sera pas dit que les membres de la maisonnée de Chimera de Dénéré-Malines manquent de diplomatie, jamais !

Quant à votre sens des responsabilités, je ne puis que vous dire que je vous offre l’occasion de l’affirmer. A vous désormais de le saisir, et de prouver au monde qu’à cœur vaillant rien d’impossible, sans que l’âge dudit cœur ne soit même pris en compte.

Accusez réception de cette missive, faites vos malles, et vous trouverez votre position officialisée à votre arrivée à Cholet.

Une dernière chose, et de grâce, prenez ce qui suit en compte. Ne laissez pas votre fougue et vos envies de liberté que vous éprouvez vous couper de ceux qui vous ont élevés. Mes mots vous sembleront probablement futiles, mais croyez en ma vieille expérience. Votre mère ne doit en aucun cas souffrir de votre départ, et croyez moi, j’y veillerai, pour en être une aussi. Puisse l’air choletais vous apporter la paix que vous semblez chercher, vous m’en verriez fière et comblée.

Chimera de Dénéré-Malines
Duchesse de Cholet et Baronne de Bubry
Chambellan de Bretagne

A la flamboyante duchesse de Cholet,
Sa Grâce Chiméra de Dénéré-Malines,

C'est bien tardivement, que ma réponse vous parvient, et je vous prie de bien vouloir m'en excuser. Mais recevoir et envoyer des missives scellées d'armes bretonnes ici, est presque un danger du quotidien, tant la méfiance règne.

Vous avez dû apprendre par Maman la tragédie qui m'affecte. Du moins m'affectait. Et me voici donc en retard pour venir m'occuper des écuries de Cholet. Mais Lug soit loué, me voici réparé et de nouveau disposé à tenter de quitter ce comté! Car j'ai reçu une missive pour le Sacre de mon oncle, et il est de mon devoir, de m'y rendre.
Attention, ne dites rien à Maman, elle pense que j'arrive bien après. C'est une surprise!

Je souhaitais aussi vous remercier pour la sagesse de vos mots, qui ont su apaiser un peu mes maux du coeur, et adoucir une tempétuosité intérieure, qui je l'espère, ne me séparera jamais de ma famille, en tous cas, de Maman.

Au plaisir donc, de pouvoir remettre les pieds à Cholet et de vous offrir enfin mes humbles services,

Elim de Walsh-Montfort