Quand l'âme de la duchesse est tourmentée

**Chimera** Jeu 20 Oct - 9:04

Vierge.
Futile.
Sans le moindre mérite.
Raison sans valeur.
Valeurs sans raison.

Elle se tient là devant le confessionnal de la chapelle St Jean. Jamais elle n'a confessé quoique ce soit. Jamais elle n'a eu besoin d'en référer à une autre instance spirituelle que le conseil ami.
Mais à l'heure où le conseil ami s'avère de plus dévastateurs, c'est une nouvelle neutralité -légitimité?- que cherche l'esprit troublé.
On fait comment? On fait comment pour servir son pays sans sacrifier ses croyances?
Et pour mettre à plat ses souhaits ftiles et contradictions, on fait comment?
Elle se rappelle avoir énoncé cela lors de la nomination de son chapelain. "Il veillera sur le salut des âmes choletaises"

- Ifig. Va faire quérir Arzhel.
- Bien, ma dame.

Et le voilà qui s'échappe.
Arzhel de Montfort-Vendôme, il est temps de remplir ton office.

**Arzhel** Ven 21 Oct - 12:23

Confortablement installé dans le fauteuil de son bureau de chapelain, le prélat travaillait sur les derniers détails de son nouveau projet. Apposant son sceau par-ci, signant par-là, annotant quelques griffonnage dans la marge pour se rappeler de modifications à apporter, il fut interrompit pas un bruit sec. On frappait à la porte.

Annonçant à l’inconnu derrière la porte qu’il pouvait entrer, la porte s’ouvrit. S’engouffra alors dans l’ouverture Ifrig qui lui annonça brièvement, sans plus de détail, que Chimera le faisait quérir.

Ni une, ni deux, tel un preux chevalier montant sur sa monture pour aller au secours de la princesse retenu par un méchant pas beaux dans un donjon, le prélat se leva et suivi Ifrig pour être conduit jusqu’à la duchesse de Cholet.
Quand il arriva à destination, il remercia l’homme qui l’avait conduit avant de s’incliner poliment devant sa suzeraine.

Vous m’avez demandé, Chimera ?

**Chimera** Sam 10 Déc - 16:55

Il est là. Evidemment qu'il est là, il est toujours là quand elle l'appelle.
Et grands dieux, au pluriel comme au singulier, pour lui, elle est rudement soulagée de le voir.
La question lui échappe avant-même qu'elle ait pu réfléchir à comment la formuler.

Ai-je péché, Arzhel, dans ma manière de servir la Bretagne?

Il comprendrait aisément l'ampleur de son trouble, mais serait sans plus de détail dans la très probable incapacité de réagir à question si large sans plus d'éléments.
Elle avait en lui une absolue confiance.
Non, il était lié de par le sang avec celui qui l'avait plongée dans tel tourment.
Confiance oui, mais...
Elle en tairait donc l'origine, pour le moment.

Je demande la confession...

S'il était pas convaincu de son trouble avant, cette requête tout sauf habituelle achèverait de le persuader.
Elle le tiendrait par ce serment. Lié par celui qu'il avait prononcé devant Aristote en plus de celui qu'il avait prononcé devant elle, ça devrait suffire à faire taire l'homme et l'ami...
Pouvait-elle lui imposer cela?
Ressentirait-il seulement le besoin de partager cela avec Elfyn? Peut-etre pas, au final... Elle l'espérait, pour ne pas le mettre dans l'embarras du choix.

Je demande la confession.

C'est comme ça qu'on fait?

**Arzhel** Ven 16 Déc - 13:20

Ai-je péché, Arzhel, dans ma manière de servir la Bretagne?

L'entrée en matière était rude. Répondre à une telle question était pour le moins difficile et le prélat pensais qu'il s'agissait davantage d'une question rhétorique plutôt que d'une source d'échanges verbaux. Tout le monde pèche. Les hommes les plus vertueux également. C'était pour Arzhel une quasi-certitude. Après tout, si le Dogme lui avait bien appris une chose, c'était que nul être humain ne peut être parfait. Si l'on n'est parfait, c'est dès lors que faute fut commise, aussi infime soit-elle. La question de la duchesse amenait de donc de toute les façon à un simple "oui".

Elle semblait réfléchir, comme finalement peu soucieuse de recevoir une réponse ou non.

Je demande la confession...

Puis, quelques secondes plus tard, la phrase fut prononcée de nouveau.

Je demande la confession...

Le prélat réfléchit quelques instants avant de finalement répondre.

Je vous accorde la confession, ma chère.

L'appelez "ma fille" lui semblait mal venue, d'autant plus que cela dénotait une certaine distance, qui, eu égard à l'amitié qu'il portait à la confessante et aux liens qui l’unissaient à elle. Il ajouta presque immédiatement.

L'exercice de la confession n'est pas aisé. Il demande à la foi la force de confesser des choses parfois délicates...

Petite pause.

... Mais il demande surtout d'être capable d'analyser les évènements pour savoir si s'agit bien d'un péché, et s'il y a donc lieu de le confesser. Vous l'aurez compris, il ne m'appartient pas de trouver quels ont été vos erreurs. C'est à vous de les trouver pour me les confesser. Se connaitre soit même et la clef du chemin vers la vertu.

D'ajouter.

Tout poids sur le cœur, qu'il soit un péché ou non, est cependant bon à partager, Chimera. Ainsi donc, je vous écoute.

C'est sur ton apaisé qu'il se tût.

**Chimera** Ven 30 Déc - 13:24

Je...

Inspiration profonde, après un long silence au cours duquel elle pèse les mots du prélat, elle décide de taire la cause première de son trouble, qui n'est que la cause ou la conséquence d'un problème de fond la taraudant depuis des mois. A l'invitation d'Arzhel, les vannes s'ouvrent, et c'est un flot de paroles qui s'échappe de la bouche de la rousse.

Je m'accroche a mes valeurs... Je m'y accroche comme un naufragé à son navire, et chaque jour qui passe rend la métaphore plus à propos que le précédent. Je regarde la Bretagne se compromettre la tête haute, se vautrer dans un mal pour échapper à un autre qu'elle juge plus grand encore.
J'ai fait tout ce que j'ai pu pour ce duché sans compromettre mes idéaux... sans tendre la main à des hommes qui prennent plaisir à en déposséder d'autres sous couvert d'œuvrer pour le bien de la nation. Ils se glorifient de ne pas hésiter à se salir les mains pour le bien de tous, Arzhel! Ils en sont fiers et accusent ceux qui les condamnent d'être des planqués indignes, que des gens comme moi n'ont qu'à faire tout ce qu'ils font et qu'ensuite nous verrons bien, que s'ils n'étaient pas là la Bretagne serait dans un bien triste état...
Je...
Me voilà taxée d'être une naïve irresponsable, presque une menace pour la Bretagne...

Elle relève les yeux vers lui:

Sommes nous condamnés si nous nous accrochons à une éthique que tous ailleurs méprisent en la portant pourtant aux nues sur la scène publique? Au niveau de l'individu? au niveau du pays?
Doit-on se prostituer pour le salut de nos intérêts? La victoire est-elle savoureuse lorsqu'elle est à ce prix acquise?
De quel droit certains jugent-ils de la valeur des croyances et conviction des autres?

Et, plus pour elle même que pour Arzhel, elle murmure:

Je n'en puis plus... je ne peux plus servir... pas après ça...
Leger silence.
De quel droit est-ce que je juge cette manière d'être et de penser...
La duchesse secoue la tête, la main crispée sur le tissus pourpre de sa robe.
Pardonnez moi... c'est ridicule... répondre à mon questionnement reviendrait à apporter une solution aux incohérences de la nature humaine.

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