Funeste convoi...
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Funeste convoi...
Accompagnant le corps de Marie, lové dans un drap, une missive. Un âne est bâté à La charrette qui a transporté la dépouille de l'Anjou à la Bretagne. L'écriture est malhabile, le sceau est manquant.
Elle a du prendre un moment, long... pour accepter ne serait-ce que de faire le lien entre les essieux grinçants et les mots moins fluides que dans son souvenir. La leçon dit: on croit toujours une chose quand on la souhaite vraie, ou quand on redoute qu'elle le soit. Elle fera mettre l'insultant chargement en un lieu froid où il sera préservé, le temps d'un courrier.
A vous Chimera de Dénéré Malines,
Comtesse de Cholet,
Baronne de Bubri,
Et qu'importe,
A vous votre Grandeur.
C'est un sinistre fait qui me pousse ce jour à vous écrire. Je sais, j'ai longtemps gardé le silence suite à votre défection à mes noces. Mais les noces sont bien futiles mon amie, en comparaison de l'objet de cette missive qui rend fébrile ma main. Avant de céder à la curiosité je vous le demande, lisez, et ne relevez pas le linceul que j'ai fait rapatrier. Je le sais il n'est pas de plus sinistre écrin qu'un suaire pour rendre à Breizh ce qui fut, un temps, la richesse de Breizh. Pourtant je n'ai pu dans le tragique instant où il me fallu prendre des décisions hâtives trouver mieux que de vous faire mener ce qui vous revient dans son plus simple appareil. Il est des éléments qui excluent toute notion d'apathie, c'est la nature qui en a décidé ainsi, pour tout le cérémonial qui vous revient d'honorer je ne pouvais pas m'approprier des heures qui vous appartiennent. Chimera, pardonnez-moi. Je n'ai su déceler ce qui me l'a enlevée. Un instant bien là, celui d'après partie, j'ai cherché mais de mais de mes prières je n'ai rien appris. Je l'aimais. Bien à ma façon oui, pourtant je l'aimais. Je ne voyais que vous, je vous écris ce jour pour vous la restituer.
Judas Gabryel Von Frayner,
Seigneur de Courceriers et de Miramont
Elle a du prendre un moment, long... pour accepter ne serait-ce que de faire le lien entre les essieux grinçants et les mots moins fluides que dans son souvenir. La leçon dit: on croit toujours une chose quand on la souhaite vraie, ou quand on redoute qu'elle le soit. Elle fera mettre l'insultant chargement en un lieu froid où il sera préservé, le temps d'un courrier.
Sinistre est le fait, euphémisme il se fait quand le vecteur l'est plus encore sans en avoir conscience.
La main est fébrile, je le déplore tout en gageant que d'autres membres n'ont pas eu à subir pareille faiblesse lors du passage d'heures qui, alors, ne m'appartenaient guère. Pourquoi celles-là donc? La propriété dont vous faites acte jamais par moi n'a été revendiquée.
Aujourd'hui vous exposez devant moi bien des visions dont j'aurais voulu faire l'économie, en ayant saisi les traits depuis fort longtemps. Toute absence est un choix, mais dans le monde il est certaines présences qui ne se laissent pas ignorer. Quel intérêt dans tant de facilité?
A qui la rendre?
A qui a-t-elle a jamais été?
A tous ceux qui l'ont aimée, se détournant d'autant d'épouses et d'enfants? Bon nombre d'entre eux l'attendent sur les rivages de Tir Na nOg, aussi ne pleurez pas. C'est là Royaume hédoniste où charme et plaisir trouvent à tout jamais lieu d'expression.
A sa fille, qui n'a pas idée du nombre potentiel de ses frères et soeurs que lui connaît cette Terre?
A sa soeur, ombre chérie?
A un vassal dévoué, sans doute, qui saura rendre honneur à une suzeraine trop tôt perdue.
Rendez la à sa terre, qui n'est pas sœur de la mienne malgré le sang que nous avons partagé. Point d'asile en ma chapelle pour celle qui a retiré bien des marins à leurs havres, lueur perfide substituée à l'astre rayonnant.
Démembrez là, et envoyez l'odieux gage à tous ceux et celles qui ont pleuré ses vagues. Réservez-moi morceau de choix, ainsi qu'à celle que vous avez prise. N'avoir point été témoin de ce qui semble n'être point? Nul regret en mon sein, car sans l'avoir jamais vue, je la connais et c'est elle qui est ma soeur.
Vous l'avez lu, à défaut de l'avoir su ou senti: je suis fille d'amertume, Judas. Je me plais à la penser jalouse, pour ne pas pleurer sur cruelles valeurs.
Je ne lui rendrai pas l'hommage qu'à vos yeux elle semble mériter, je n'ai pas d'honneurs à donner à qui n'en a que trop rarement témoigné.
Au convoi que vers moi et dans votre égarement vous avez orienté j'impose donc simplement déviation, puisque de cela il a toujours été question, convaincue qu'il saura trouver bras et mots plus conciliants en le fief de Soazon.
Ma peine est pour vous, car je suis bien sotte.
Pour elle, qui n'a jamais su arrêter sa liberté là où celle des autres débutait, je ne peux trouver en moi que l'empathie du druide. Oh oui, elle fut à l'image de Breizh. Sa richesse? Vous êtes oublieux des adages ayant trait au brillant...
A galon... marin...
Et ne pleurez point, apathie passe avec les marées.
Chimera
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